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Forum JDR post-apocalyptique dans un monde contemporain alternatif en proie aux zombies, à des créatures pires encore ainsi que des événements surnaturels.
 

Johann Libert
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Jet de Dés


Fiche de personnage
Points de RP:
Johann Libert Debuba110/0Johann Libert Videba10  (0/0)
Etat Mental:
Johann Libert Debuba100/0Johann Libert Videba10  (0/0)
Crédits:
Johann Libert Debuba140/0Johann Libert Videba10  (0/0)
Réputation:
Johann Libert Debuba170/0Johann Libert Videba10  (0/0)
Informations scénaristiques:
Blessures:
Tatouages:
Cicatrices:
Jet de Dés

Mer 30 Oct - 22:39
 

Ressuscité



Johann Libert


  Date de naissance : 20 / 08 /1992


  Origines : Detroit, Michigan, USA


  Métier : Routier / Chauffeur poids lourds


  Particularités : Porte une alliance. Aucune autre particularité physique notable.


Description Physique

Johann est un homme bien bâti d'environ 1 mètre 80. Il porte les cheveux courts, coupés pratique, roux foncé ; une tignasse que l’on devine rétive à la coiffure. Ses yeux sont, pour qui plonge dedans, d’un bleu divin, pâle, étonnant de pureté. Dans la couleur, s’entend ; beaucoup moins dans leur expression qui n'a pas grand chose d'angélique.

Il est athlétique à défaut d’être baraqué, il s’est musclé non pas aux salles de fitness mais bien plutôt au fil du labeur quotidien sur le terrain, au travail. Non content de bénéficier d'un physique svelte, les quelques kilos en trop typiquement masculin de la quarantaine dont il riait quelques temps auparavant ont disparu depuis les dernières semaines, voire mois. Il n’a pas l’air de quelqu’un qui rayonnait la joie de vivre et la santé et ceci, on le devine, même avant la catastrophe. Pourtant, si il trouvait un rasoir potable et dans une autre tenue, dans d'autres circonstances, il serait encore tout à fait bel homme.

Il porte des habits élimés, salis bien sûr, mais portés, surtout, indissociables de l’individu, à force. Jeans, T-shirt gris, blouson en cuir brun-marron foncé, une veste de motard sans nul doute. Des boots en cuir solide, montantes. Ca ressemble assez à une tenue de baroudeur habitué à une certaine rusticité.



Description Psychologique

Johann est quelqu'un de taciturne, plongé dans une profonde mélancolie dont il ne semble sortir tout à fait que rarement, en général lorsqu'il doit agir. Il pourrait paraître peu sociable et ne se soucier que peu des autres mais, en réalité, il se force à rester éloigné de ses semblables, sans doute pour des raisons qui lui sont propres. Il lui arrive de rester plongé dans ses pensées pendant d'interminables heures, assis, sans bouger, ou juste à jouer avec un couteau de poche, fumer lorsqu'il a du tabac (ce qui devient difficile, par les temps qui courent), les yeux dans le lointain. Nul besoin d'être devin pour percevoir clairement que quelque chose le hante, tel un poids enchaîné dont il ne peut se défaire.

Ses racines écossaises (héritage de sa grand-mère maternelle) ont sans doute modelés son caractère et la vie ensuite s'est chargée d'affiner le tout ; il peut être obtu, buté, quant il a une idée en tête il ira jusqu'au bout sans dévier. Et si il a tort, il refusera tout d'abord de le reconnaître. Il a horreur d'être dans l'erreur et persistera quelques temps dans le déni, même en sachant pertinemment qu'il a effectivement tort. En général, il se montre loyal à ses amitiés et à ses engagements, mais gare à ceux qui voudraient lui faire un coup fourré, si il le découvre. Autant il est d'un naturel calme et patient au quotidien, autant il peut piquer de noires colères pour parfois pas grand chose. A ces moments, gare à celui qui lui fait face, il aura besoin d'un bouc émissaire. Il devient capable de la pire mauvaise foi, laissant sortir une agressivité qui peut être violente dans certains cas. On en oublierais son impulsivité, mais souvent, il aurait tendance à agir avant de réfléchir. Heureusement, et malgré tout ce qu'il peut avoir en tête, son instinct de survie prononcé a tendance à le retenir.

Pourtant, lorsque il n'a pas le choix, il s'avère être quelqu'un de tout à fait civilisé, même si sa culture générale reste étriquée, il est ouvert et à l'écoute. Il a cette intelligence pratique, ce bon sens terre à terre qu'ont les gens qui ont vécu certaines épreuves dans leur vie et qui prennent une chose après l'autre, naturellement, calmement, sans prise de tête. Sans toutefois faire passer les besoins vitaux des autres avant les siens, il ne rechignera pas à aider un homme en cas de difficulté. Ou une femme, encore moins. Il ne fais pas de plan sur la comète, évite les faux espoir en prenant chaque jour ce qu'il lui apporte. Un jour, puis un autre, puis un autre... A quoi cela sert-il de prévoir plus avant ? Encore moins maintenant.



Histoire du Personnage

Chapitre un - Moi

Vous voulez connaître mon histoire ? Elle n’a rien de particulier, vraiment. Enfin, si vous insistez… Je suis né il y a 42 ans à Detroit, le 20 août 1992 très exactement. Mes grands-parents paternels étaient autrichiens et par ma mère, j’ai des racines écossaises. A part ça, je n’ai jamais mis un pied en dehors du pays. Mon père était ouvrier dans la construction automobile, il en a vu des hauts et des bas, je peux vous dire. Les nouvelles énergies lui ont permis de ne pas crever de faim, ça a relancé la production. Ma mère était une secrétaire de bureau. On n’était pas complètement à plaindre, même si tout gosse, j’ai appris ce que « se serrer la ceinture » voulait dire et on ne partait pas vraiment en vacances.

Gamin, j’étais plutôt dans la catégorie petite frappe, à semer les emmerdes et taper les plus petits que moi. Ca ne s’est pas arrangé en grandissant, malgré les efforts de ma mère pour faire de moi un type bien. Mon père, quant à lui, était crevé par son boulot, il n’avait pas le temps de s’occuper de nous. Oui, nous, j’ai une sœur de 2 ans mon aînée. Elle est partie de la maison avec son copain quand elle avait 19 ans. Je n'ai aucune idée d'où elle peut être aujourd'hui, aux dernières nouvelles elle vivait à Saint Louis. On avait des contacts épisodiques, on va dire, au mieux. Disons aussi que, adolescent, je n'étais pas un cadeau, pour elle non plus. Je ne me suis pas calmé avec l'âge, bien au contraire. J'ai passé pas mal d'année avec une petite bande de potes à traîner après le lycée, à sortir en boîte, à boire, chercher la baston, baiser et dégueuler dans la rue, parfois pas dans cet ordre, et souvent à finir ivre mort à la fin de la nuit, ou défoncé avec tout ce qui nous tombait sous la main de pas trop cher. J'en ai gardé un petit casier, de cette époque ; de ce qu'ils appellent bien poliment des « erreurs de jeunesse ». Je n'en suis pas forcément fier, mais pas de quoi en avoir honte non plus.

Pour finir, une jour, après une énième dérouillée reçue de mon père, avec raison d'ailleurs, j'avais complètement foiré mon lycée - même si j'étais loin d'être bête, d'après les profs, ça m'ennuyait juste profondément - il m'a envoyé de force chez un de ses amis qui possédait une petite affaire de camion-livreurs. A défaut de faire des études, il m'a forcé à apprendre un métier et avec le recul, je ne le remercierai jamais assez pour ça. Ca m'a calmé et sans ça, je pense que j'aurais fini par mal tourner, réellement. L'ami à mon père n'était pas méchant, mais c'était un type juste et dur. Il m'a enseigné le métier à coup de pied au cul quand c'était nécessaire, et ça l'a souvent été, surtout au début, mais il m'a aussi enseigné la confiance en moi et la satisfaction de faire quelque chose de mes dix doigts. Ca a changé ma vie en profondeur.

A 22 ans, je faisais des courses quotidiennes au volant d'un petit bus, de 3,5 à 7 tonnes. En dehors des courses, je m'occupais aussi des réparations et entretiens mécaniques, du nettoyage du garage, etc. On était que 5 dans l'entreprise, alors forcément, on faisait un peu de tout. Ca a duré quelques années. Après, le patron est parti à la retraite et j'ai de nouveau déconné pendant un temps - sortie, boîtes, potes. Et puis, le destin, le hasard, dieu ou ce que vous voulez m'a fait rencontrer Adeline. Elle travaillait au supermarché du coin, à la caisse. Elle était belle. Blonde. Les yeux bleus. Fine. Jolie comme pas permis. Avant de la rencontrer, je ne croyais pas au coup de foudre ; j'aurais ri au nez de quiconque m'en aurait parlé, cataloguant ça dans la rubrique bluette fleur bleue. Et pourtant, c'est ce qui s'est passé, au premier regard. Elle. Moi. L'année d'après, on se mariait.

Durant cette période, j'ai fait à peu près tous les petits boulots possibles ; déménageur, videur, concierge, pompiste, manoeuvre dans le bâtiment, éboueur... D'autant plus que ma chérie est tombée enceinte - j'avais 25 ans, elle, 23. Mon étoile, ma lumière, ma toute petite Alicia, est née en parfaite santé en 2018, au printemps. J'étais fier comme un paon, autant de ma femme, la plus belle femme du monde, que de ma fille qui, bien sûr, surpassait à mes yeux toutes les merveilles de la création. Je n'ai jamais eu une âme très lyrique mais, pour le coup, j'en aurai écrit des kilomètres de poèmes, jusqu'à l'indigestion. J'ai redoublé d'efforts pour leur fournir un foyer décent, c'est à dire que je bossais comme un dingue, j'avais jusqu'à 2, 3 boulots différents en même temps, par période. Je n'étais quasiment jamais à la maison. Ca a duré jusqu'au jour où j'ai enfin retrouvé un poste durable pour un transporteur. Le patron, Dick, m'avait pris à la bonne malgré mon CV pas très propre. Très vite, il m'a donné la responsabilité de camion lourds, jusqu'aux plus de 40 tonnes actuels, de sacrés belles bêtes faites pour le trans-national – et plus tard, certains même électriques mais plus rarement ; ces bestiaux là étaient juste hors de prix et pas question de revoir toute sa flotte.

Parfois, je restais deux semaines sans voir ma famille. Parfois, je rentrais tous les jours. Je me suis rangé, complètement, boulot-métro-dodo. Ma famille est devenue ce qui comptait le plus pour moi, j'ai viré toutes mes anciennes fréquentations. Je suis devenu quelqu'un de bien aux yeux de ma mère. La pauvre était veuve depuis que mon père avait fait un infarctus en 2025 et je l'aidais financièrement. Pendant 15 ans, j'ai vécu la plus belle période de ma vie, malgré les difficultés et les pièges du quotidien qui, jamais, n'ont réussi à détruire notre plénitude. Nous étions heureux, tout simplement, dans notre petit ménage à trois. Pourquoi nous n'avons jamais eu de deuxième enfant ? Ah, oui, c'est vrai j'ai omis de vous le dire. Adeline a eu une grossesse pénible et un accouchement qui a provoqué une grosse hémorragie. Les docteurs nous ont prévenus que, si elle retombait enceinte, ça pouvait lui être fatal. Alors, on a pas voulu prendre de risque ; nous n'avions pas besoin, Alicia recevait l'entier de notre amour et a été la petite fille la plus pourrie gâtée qui soit possible d'imaginer.

Et puis, le temps a passé. Je me retrouve en 2033. Alicia a fêté ses 15 ans, elle est devenue aussi belle que sa mère. Elle nous a présenté son petit copain, le mois d'avant. Elle est bonne à l'école, ne pose pas de problème, j'économise depuis des années pour ses études. Elle veut faire droit, ou sciences politique. Vous y croyez, vous ? Ma fille, faire l'université. Sacré revanche sur ma vie. On vit dans un appartement en banlieue, l'endroit est clean, pas trop mal fréquenté. On prévoit les prochaines vacances, on ira en Floride avec ma femme ; Alicia, elle, veut rester avec son copain. On a dit oui.

Je rêvasse au volant de mon tracteur, derrière moi, une cargaison de batteries électrique. Le 36 tonnes, un vieux modèle, file sans soucis sur la route rectiligne. La CB se met à biper, je réponds. Une voix de pipelette s'en échappe. « Salut Yoyo' (un surnom à la con qu'elle est seule à me donner. Je le déteste), tu veux bien te ranger sur le bas-côté, je te passe le boss, c'est important ». C'est Marie-Lou, la secrétaire du boulot. Un vrai cliché, blonde platine bouclée à la Marilyn avec un pare choc en bonnet D qui s'est tapé la moitié des chauffeurs et est, officiellement, la maîtresse de Dick. Tout le monde le sait, même sa femme. Moi, je n'y ai jamais touché. Les deux femmes de ma vie m'ont toujours largement suffit. Je me range. « Salut Dick, qu'est-ce qu'il y a ? » C'est assez rare que le boss en personne contacte un de ses gars. Je ne vois vraiment pas de quoi il peut vouloir me parler. « Salut Johann. T'est à l'arrêt ? » Je sens le tremblement, l'hésitation de sa voix. Ca ne lui ressemble pas. « Ecoute, je... » Un blanc. Il ne sait pas comment me le dire. Il s'est passé quelque chose... Un soupir précède la suite. « Laisse le camion où il est. Rentre tout de suite. C'est ta femme et la petite, elles ont eu un... un accident... Prends le premier train... »

Le reste, je l'entends sans l'écouter, tandis qu'une chape de plomb fondu me nappe et me noie. Accident, sortie de route, elles ne s'en sont pas sorties. Non. Je refuse. Je n'y crois pas. Ma raison se met sur Off, je lance le camion plein gaz sur la route que je ne vois plus. 3 heures. 3 putain d'interminables heures de route que je fais comme un automate, sans réfléchir, danger public, fou, et je suis en ville, je suis dans la rue, je passe l'enceinte du parking, le camion dérape au milieu, rien à foutre, les escaliers, le bureau. Dick est là, je hurle, il essaie de me calmer, je m'effondre. L'hôpital. Il n'y a rien à faire, elles sont là, toutes les deux, mes beautés, mes amours, allongées sous les draps blancs. On refuse de me montrer les corps en entier. Trop abîmés, on me dit. Je peux à peine leur dire adieu. Elles n'ont pas souffert, me souffle un flic en uniforme ripoliné. Ta gueule. Comment tu peux savoir ? Un chauffard, ivre, leur a coupé la route. La voiture a fait 7 tonneaux. 7... On les enterre quelques jours après. Ma vie ne vaut plus rien. Foutue. Je suis mort une première fois à ce moment-là.

Dick m'a viré de son bureau en me disant de prendre le temps qu'il me faudrait pour me remettre. 1 mois, 1 an, peu importe. Ma place est toujours disponible, je peux revenir quand je veux. Même juste pour parler. Dick est un chic type, un ami depuis le temps, un vrai. Mais il ne veut plus me voir avec cette tête de déterré, qu'il me dit aussi. Je dois me reprendre. Mais le voudrais-je seulement que je ne saurais comment faire. Je passe mes journées seul, chez moi. Assis sur le canapé, devant la télé éteinte. Des heures durant, je regarde la chambre de ma fille, propre dans sa déco pastel mauve et bleue, si bien rangée. Ses livres, ses peluches, les photos d'elle, de ses amies. Je pleure en silence en serrant une des peluches.

Je suis assis au salon. Le cendrier est plein à déborder, je me suis remis à fumer. La bouteille, elle, est presque vide. Et le flingue est chargé. Une balle. Ca suffira. Je le soupèse depuis une éternité, mais je n'ai pas le courage. Je ne le trouve pas, je suis trop lâche, même pour ça. Je repose l'arme sur la table. Je n'ai même plus la force de pleurer. Je ne vous rejoindrai pas encore cette fois-ci, mes chéries. Pas encore.

Fin février 2034. Depuis combien de mois je suis ainsi, amorphe, larve rachitique enfouie dans son trou ? C'en est assez. Je ne supporte plus de voir ce type à la gueule ravagée dans le miroir. Je prends des affaires, quelques habits, que j'enfourne dans un sac en cuir. J'ai l'argent que j'ai économisé si longtemps pour Alicia - pour rien - pour moi seul, désormais. J'ai remis en état ma vieille Harley, un Softail de 2010 que j'ai patiemment retapé dans mon garage. Je charge les sacoches, attache le sac par-dessus, casque ok, bandana relevé, blouson fermé. Je tourne la clé (et oui, oublié, les vieux carbu. C'est un modèle à injection, plus fiable, désolé pour le cliché) et je pars. J'ai laissé un double des clés de l'appartement à une voisine, à charge de les remettre à ma mère. Je ne sais pas où je vais, ni pour combien de temps, mais je sais – je sens – que je dois le faire, avant de perdre la tête, avant de me tuer alors que je n'en ai pas envie, au fond. Tant que je vis, Adeline et Alicia vivront également - dans mes pensées. Les oublier, me tuer, c'est les tuer, elles, une seconde fois. Alors j'ai décidé de vivre sans elles malgré tout, vivre pour elles tant que je pourrais. Pas encore, mes amours. On the road again !

Chapitre deux – Quant le monde est parti en cacahouète

Avril 2035. J'ai roulé au hasard, autoroute, nationales, carrefours, route après route. J'ai fini par me retrouver au Texas. Pourquoi pas. Je vais à mon train en évitant les grandes agglomérations et les villes. J'ai besoin de me retrouver face à moi-même et quel meilleur endroit que le fin fond du trou du cul du monde connu, comme les bleds que je traverse ? Aucun !

Ca doit faire 1 mois que je suis partis et je me sens mieux. Relativement. J'arrive presque à ne plus penser à elles H24. Je me suis coupé du monde, j'évite les infos, je ne lis plus les journaux, nada. Une belle perte de temps que tous ces fabricants de mensonges. Inévitablement, quand je m’arrête dans les relais routiers, je tombe sur la télé allumée en continu, mais en général je ne l'écoute que très distraitement. Mais depuis quelques jours, je n'arrive plus à ignorer complètement les infos. Ils commencent à parler en boucle d'attentats, d'épidémie, de propagation inquiétante... La belle blague. Encore une de leurs saleté échappée d'un labo d'expérimentation quelconque, et comme d'habitude dans un mois ou deux on en parlera plus, une fois les choses rentrées dans l'ordre.

Contrairement à mes prédictions, rien n'est rentré dans l'ordre. Quant je suis arrivé à la frontière de l'état, on m'a refusé la sortie devant une belle barricade toute neuve et je n'ai pas posé de questions ; comme tout le monde, je ne pouvais pas ignorer ce qui passait à la télé. Alors j'ai fait demi tour sans faire d'histoire, j'ai enfilé la route à l'envers et je me suis calé quelques jours dans un patelin dont j'ai oublié le nom, qui doit avoir 20 maisons, une église et un motel, en tout et pour tout. Et une supérette, bien sûr. J'essaie de suivre les informations. D'ici, tout ça paraît complètement irréaliste. Autour de moi, les gens restent calmes, zen, on dirait qu'il ne sont pas conscient qu'ailleurs, c'est le chaos. Les militaires perdent le contrôle. Ca pue un max.

Je me suis barré vite fait du motel un petit matin. Il y a eu des coups de feu dans la nuit, au village, et quant je suis allé voir, c'était une scène surréaliste. Il n'y avait aucun bruit, pas d'oiseaux, rien. Ville morte. Pas un chat, ni même un rat. J'ai traversé la grand rue déserte au ralenti, le son de mon moteur était la seule chose qui semblait vivante dans le coin. Quant je suis arrivé à l'autre extrémité, là où se dresse l’église, je suis resté 5 bonnes minutes à contempler ce que je croyais voir. Jusqu'à ce que je me rende compte que « ça » avançait. Vers moi. Pas vite, mais assurément vers moi. Dans le groupe, j'ai reconnu le prêtre par son habit mais, comment dire... Je crois qu'à l'heure actuelle, vous savez ce que je veux dire. Comme aiguillonné par une nuée subite d'insectes piqueurs, j'ai pris mes jambes à mon cou, façon de parler, lancé la moto dans l'autre sens et j'ai retraversé tout le village, lançant ma bécane à fond, tout droit, sans réfléchir. Je ne pouvais tout simplement pas croire ce que mes yeux, mon cerveau, me jetaient à la face. Ca n'existait juste pas en dehors d'un remake de Romero. Ca ne POUVAIT PAS exister. Et surtout, mais putain c'était quoi ?!

Juin 2035 et plus. Ca fais des semaines que j'erre dans l'état. Au début, j'ai essayé de contacter ma mère, Dick, le bureau. Rien ne réponds. Maintenant, je n'arrive même plus à trouver un seul moyen de communication en état de marche. J'ai trouvé facilement de la nourriture et du carburant, pour la moto. Et des survivants, aussi, une quantité de gens hagards sur les routes ou planqués dans leurs maisons. Souvent, ceux qui se terrent m’accueillent à coup de fusil. Depuis, j'évite les habitations. Ceux qui sont sur les routes ne valent pas beaucoup mieux, ça dépends. Quant c'est des familles, je m'arrête, j'essaie de les aider comme je peux. La plupart du temps, je leur amène de l'eau, de quoi se nourrir. Je répare leur voiture en panne, quant ils en ont. Mais je vois de moins en moins de monde, et de plus en plus de ces... choses. Je n'ai pas essayé de me confronter à eux, je les évite, c'est facile. Ils ne peuvent pas me suivre à la vitesse où je roule.

Je suis en rade au milieu de nul part. J'ai épuisé mes réserves de carburants, les deux jerricans sont vides jusqu'à la dernière goutte. Je savais que ça allais arriver, j'ai eu de plus en plus de mal à trouver une station service safe, ces derniers temps. Et en état de marche, qui plus est. D'après les derniers panneaux, il y a quelque chose suffisamment grand pour mériter un nom à 7 kilomètres plein sud. 7. J'aime pas trop ce chiffre. J'ai horriblement chaud et un goût de poussière dans la bouche. J'ai poussé la moto tout du long, hors de question que je l'abandonne. Elle est, en quelque sorte, mon assurance vie, j'en suis maintenant persuadé. Ces choses que je me répugne à nommer, tellement tout ce que je pourrais leur donner comme nom sonne horriblement cliché, ont une persévérance ahurissante. Je ne dors plus sans mettre en place tout un système d'alarme à base de boîtes de conserves tout autour de moi, à bonne distance pour avoir le temps de filer, si nécessaire. J'essaie de remonter vers le nord, désormais, mais je suis forcé de faire détour sur détour pour éviter les villes où leur population est trop importante à mon goût, du peu que j'ai pu voir.

Encore 2 kilomètres, d'après le panneau.

Je suis accueilli par des grincements et les bourrasque du vent. Une ville morte de plus. Je repère une station service à l'entrée de la ville et laisse la moto à une centaine de mètres, inutile de tenter le sort. Je ne m'approche plus des maisons qu'avec mille précautions. En arrivant vers les vitrines, je jette un coup d'oeil à l'intérieur ; pas âme qui vive, ou quoique ce soit qui bouge. Je fais le tour, rien. Parfait, un coup de chance. Avec précaution, je défonce la vitrine pour entrer et voir si les pompes peuvent encore être alimentées, il y a souvent un courant résiduel ou un générateur. Autrement, je devrais forcer les cuves, je sais comment faire, mais j'évite ; long, risqué et ça nécessite des outils. Heureusement pour moi, j'arrive à réactiver le système grâce au générateur de secours et fais le plein de carburant. Après ça, je fais des provisions de vivres parmi ce qui reste sur les rayons. En sortant, j'ai un sale frisson qui me remonte le dos. Merde. Je ne l'ai pas entendu arriver, il fixe la station de son oeil hagard, collé à la vitrine. Je recule, heurte je ne sais pas quoi qui tombe avec une méchante sonorité métallique. Le décomposé se tourne vers moi, bingo, ma chance m'abandonne. Je suis coincé, avec lui pile devant ma porte de sortie.

Gentil petit père. Je dépose mon barda au sol et recule vers la porte arrière. Fermée à double tour. Je ne me sens pas une âme de cambrioleur et je ne vois pas comment la forcer. Toutes les fenêtres sont à l'avant, c'est à dire vers lui. Et quelques uns de ses petits copains qui commencent à se ramener. J'ai toujours trouvé épatant le côté mouton de l'espèce humaine, même dans cet état. Si je ne commençais pas à paniquer, je trouverais ça drôle. Il faut que je sorte. Je fais le tour de la caisse, mais comme nous ne sommes pas dans un film, je n'y trouve ni arme, ni batte de base-ball. Je défonce un rayonnage métallique pour m'en faire une arme, suffisamment longue pour pouvoir les écarter de mon chemin. Enfin, c'est ce que j'espère. Et j'espère bien, parce que mon adversaire tombe à la renverse et m'ouvre le chemin, le torse défoncé par la plaque métallique. J'enjambe la vitre brisée et lui par la même occasion et me rue sur la moto. Seulement, pour y arriver, je dois la dégager de ses admirateurs. Facile, je fais ça tous les jours... (je déconne).

C'est la trouille au ventre que je me rue sur le premier et lui balance un coup de pied de premier de classe en bagarre de rue. Je fais gicler tout un tas de fluides gélatineux et de morceaux, dont je me ramasse une bonne partie, mais ça ne suffit pas pour le décourager. Ils sont trois à me barrer la route et je tiens mordicus à récupérer mon engin de survie motorisé. J'essaie de les attirer pour pouvoir les contourner, seulement, je n'ai pas les yeux dans le dos et j'avais oublié mon pote premier arrivé qui a eu le temps de revenir à la charge. Je sens une vive douleur au mollet, baisse les yeux et voit son crâne purulent qui dépasse sur le côté. Il m'a mordu, l'enfoiré, l'espèce de raclure puante ! Je lui fracasse la tête à coup de talon en jurant tous les dieux et évite de justesse les trois copains qui, bon an mal an, finissaient par m'arriver dessus. Je zigzag jusqu'à ma monture en traînant la jambe, l'enfourche comme la dame qu'elle est et allume un cierge en pensée pour qu'elle ne décide pas de rester en rade. Mais non, elle décide de me sauver la vie et démarre comme si de rien n'était. Plein gaz !

Qu'est-ce qu'ils disaient, dans les films ? Ah oui... La morsure, évitez la morsure. Après l'épisode de la station, j'ai roulé non stop sur, je ne sais pas, plusieurs dizaines de kilomètres, au moins. J'ai trouvé une vieille grange que j'ai estimé suffisamment sécurisée pour m'y abriter. Pas le choix. Ma jambe me faisait un mal de chien et une sale fièvre avais commencé à s'installer. J'ai glissé la moto à l'intérieur, mais la porte refuse de se fermer complètement. J'ai réussi à bricoler mon petit système d'alerte aux boîtes de conserves au moins devant la porte, pas plus. Pour ce que ça change. Ensuite, je me suis hissé à l'étage par une sorte d’escalier-échelle branlant et je m'y suis installé, mais ça devient de pire en pire au fil des heures. J'ai chaud, j'ai froid, je frissonne, j'ai horriblement soif et la douleur est en train de me rendre dingue.

Je délire, par moment. A d'autres, tous mes muscles sont secoué par des spasmes terrifiants, j'ai l'impression que je vais me briser en mille morceaux. Je ne pense plus qu'à elles, à elles seules, à elles encore. Adeline, Alicia. Ca arrive, vous voyez ? Plus vite que prévu, finalement. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Qui est en train de sacrément se raccourcir, à mon avis. D'où la frousse qui, en plus de la fièvre, me broie les entrailles de sa main terrible. Ca n'est pas très héroïque. Mais il n'y a rien d’héroïque à se sentir partir en étant seul dans une grange paumée, dans un monde qui part en miettes. Leurs images deviennent floue, à force. Elles s'éloignent. Je n'arrive plus à focaliser mes pensées. Le temps passe horriblement long, déformé, nuit, jour, je ne sais plus. Je n'ai plus qu'un souhait conscient, que ça cesse, là, tout de suite, laissez moi partir bande d'enfoiré je n'ai jamais demandé ça !

Ils m'ont menti. Il n'y a pas de tunnel. Il n'y a que... du... ...noir...



Equipement de Départ


- Poings américain
- Boite à outils
- Petit sac à dos

Equipement Porté :
N/A
Accessoires Pratiques :
N/A
Contenants Personnels :
N/A
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